Ce billet a été écrit par le mardi, 19 février, 2008 at 15:53 et est classé dans Actualités. Vous pouvez suivre les commentaires de ce billet grâce à notre fil RSS 2.0. Vous pouvez laisser une réponse, ou faire un rétrolien à partir de votre site.
Yves Carignan Président - D.G. Dessins Drummond Inc. |
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Comment vivre dans « La Belle Province » sans parler de soins de santé ! Tout citoyen, qu’il soit corporatif ou non, se doit d’attendre avec impatience le rapport de la Commission Castonguay sur le financement de notre système de santé… Ok, vous pouvez vous réveiller !
Tout d’abord, avec toutes ces commissions qui nous sont tombées dessus au cours des dernières années, quelqu’un peut-il me dire pourquoi on élit des gouvernements ? Avec le nombre de ministres, de haut fonctionnaires, de syndiqués et autres « élites » de notre système, pourquoi ne sommes-nous pas capables de prendre des décisions ? On dirait que dès que quelque chose demande du leadership, on le transfert à une commission pour pouvoir s’y accrocher en cas de vague de la part du peuple…
Dans un système hautement syndiqué comme le nôtre, il est certain que le changement fait peur ! Imaginez le désastre: le privé qui prendrait plus de place dans notre sacro-saint système et qui serait en compétition avec le public !… Les cotisations syndicales que l’on perdrait !… Sans parler que le système privé ou semi-privé (bref, tout ce qui n’est pas facilement « syndicable » comme appellation), apporterait un élément de comparaison avec le système actuel. De quoi avons-nous peur ? Ce système englobe 40% du budget du gouvernement, peut-on essayer de le changer ? Et si le patient avait le choix ?…
Voici ce qui préoccupe madame Claudette Carbonneau, présidente de la plus grande centrale syndicale au Québec:La CSN dit être satisfaite de la mise en place d’un fonds de stabilisation dédié à la santé, mais déplore le principe de l’utilisateur payeur tel que prôné par le rapport. Selon la centrale syndicale, Québec devrait plutôt récupérer la totalité du point de pourcentage de la taxe de vente que vient de délaisser le gouvernement du Canada.
Pourquoi a-t-elle peur du privé ? Est-ce que de faire du profit rime avec mauvais service ? Si tel est le cas, la majorité des entreprises seraient fermées ! En autorisant le privé, nous serions aptes à comparer l’efficacité avec le public… Oh ! Ça, ça peut faire peur à Madame Carbonneau !
Je crois que nous avons le droit de choisir en tant que peuple. Je suis également persuadé que le privé nous éviterait de perdre du personnel de qualité, comme cela se passe présentement, parce que ceux-ci sont écoeurés de notre système actuel. Je n’aime pas ce que nous disent les syndicats, mais je suis derrière les syndiqués et les médecins car la majorité d’entre eux veulent sortir de ce carcan.
Ce que j’aime de voir le mot « privé » dans le secteur de la santé, c’est de voir disparaître le mot « patient » pour le mot « client »… Pensez-y !
22 février, 2008 at 16:04
Au délà de la question syndical, il y a en santé un principe beaucoup plus fondammental qui est l’accès universel à un service essentiel. Depuis toujours le Canada a fait le choix d’offrir des services de santé uniformes à l’ensemble de sa population, quelque soit la classe sociale, ou les revenus des individus. Ça c’est un choix politique et non économique.
Il existe certainement des système hybrides (public/privé) qui permettent à des compagnies d’assuance de faire plus d’argent, mais le Québec est déjà la province canadienne où le privé est le plus présent en santé et nous ne sommes toujours pas plus satisfaits ni mieux servis qu’ailleurs. Le privé ne semble donc pas être ici la solution.
Le secteur privé est aussi souvent plus intéressant (financièrement) pour les spécialistes de la santé. Il est donc à prévoir un certain écrémage du personnel public vers le privé, laissant moins de gens pour soigner ceux et celles qui n’auront pas les moyens de se payer les assurances privées (et c’est d’ailleurs déjà ce qui se passe dans certaines spécialités).
Pour ce qui est des coûts de gestion, la question ne se pose même pas. Toutes les tentatives déjà faites sur la planète ont mené à une augmentation des coûts de gestion avec le privé. Et c’est facile de comprendre puisque l’objectif principal est le profit. Notre ami Castonguay propose des pistes intéressantes pour injecter plus d’argent dans notre système mais il nous prévient aussi que nous devons reviser nos pratiques de gestion….
Je ne vois donc vraiment pas le privé comme une solution à ces problèmes du système de santé, ni pour les coûts, ni pour l’accessibilité, et je crois que le présent débat est plutôt le suivant :
SOUHAITONS-NOUS QUE LES SOINS DE SANTÉ DEMEURE UN SERVICE ESSENTIEL ACCESSIBLES À TOUS OU SOUHAITONS-NOUS EN FAIRE UN SIMPLE PRODUIT DE CONSOMMATION DISCRÉTIONNAIRE?
Les américains ont depuis toujours fait le 2e choix et ils feront prochainement une campagne électorale dont un des enjeux majeurs sera l’universalité des soins de santé. Pourquoi ? Parce qu’une bonne partie de leur population n’a toujours pas de couverte d’assurance, et donc pas accès à des soins de santé, aujourd’hui, en 2008, dans le pays le plus riche de la planète !!!
24 février, 2008 at 20:46
Cher Philippe, Merci de tes précisions. Je maintiens que la « sur-syndicalisation » automatique du secteur public en matière de santé bloque le développement de solutions car l’humain (voir le patient) n’est pas au coeur des préoccupations. Dans une situation de monopole, on en vient à sa foutre du client… Je veux de la compétition dans ce secteur et je veux surtout que les médecins soient obligés de travailler un minimum d’heures au public pour pouvoir travailler au privé. Lorsque tu me parles de pratique de gestion, c’est là que j’aimerais voir la compétition !… Merci pour ton commentaire. On en parlera sans doute encore longtemps !